Ms. Arundhati Jadhav

Avec l'aide de la Fondation Dassault Systèmes, le Muktangan Exploratory Science Center de Pune participe à l'élaboration de contenus pour le réseau de laboratoires de bricolage Atal (Atal Tinkering Labs) dans 8 000 écoles à travers le pays. Le manuel fournit les matériaux et les instructions nécessaires à la réalisation de tâches individuelles et collectives pour 70 activités réparties sur 14 thèmes. Il sera distribué sous forme de livre à toutes les écoles ATL, ce qui permettra aux zones rurales de bénéficier de ces précieux contenus éducatifs en Sciences, Technology, Ingénierie et Mathématiques (STIM), indépendamment des problèmes d'accès à Internet.

L’intérêt de Ms. Arundhati Jadhav pour les sciences et la technologie est profondément ancré dans son enfance. À l’âge de 12 ans, elle a fabriqué un appareil électronique avec son frère, ravie de faire les soudures avec lui et de placer les composants. Ils sont même allés jusqu’à casser la pile de 9 volts pour voir ce qu’il y avait à l’intérieur et pour qu’elle puisse se livrer à quelques expériences. À 14 ans, elle a participé à un atelier qui lui a permis de manipuler des composants électroniques ce qui n’a fait que renforcer son intérêt.

La jeune femme de 27 ans, originaire d’un village situé dans le district Indien de Maharashtra, est aujourd’hui ingénieure électronicienne et une « FabLab girl » comme elle aime à se définir. Après avoir suivi le programme de la Fab Academy du MIT à Boston et obtenu sa certification, elle a eu l’opportunité de travailler en tant que coach en innovation et a ainsi débuté une carrière dans le domaine de l’apprentissage des STIM (Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques). Elle est aujourd’hui responsable du centre d’innovation du Muktangan Exploratory Science Center à Pune, un centre scientifique unique en son genre qui compte sept laboratoires et a été créé en 1992. Elle travaille plus particulièrement au développement des compétences techniques, formant les étudiants aux compétences du 21ème siècle en les accompagnant sur la mise en œuvre d’idées innovantes à travers la fabrication de prototypes et en développant des programmes pédagogiques en STIM.

L’éducation est un domaine nouveau pour Ms. Jadhav. Ses amis ne comprennent pas vraiment pourquoi elle a opté pour un poste d’enseignant alors qu’elle aurait pu travailler comme ingénieure dans une entreprise mais ses parents lui ont donné la confiance nécessaire pour prendre cette décision. Ils lui ont dit de faire ce qui la rendrait heureuse. Son père qui est directeur d’école est fier de dire qu’elle forme la future génération. Elle est heureuse de son choix. « C’est tellement excitant de travailler avec les élèves. Ils sont curieux de tout et posent toujours des tas de questions. J’adore cette énergie ! C’est un métier très créatif et j’ai le sentiment d’apporter une contribution positive à la communauté. En cinq ans d’expérience, j’ai acquis la certitude que quand on suit sa passion et qu’on fait ce qui nous tient à cœur en mettant en œuvre ce que l’on a appris pour améliorer la société avec des résultats tangibles, la satisfaction qu’on en retire est incommensurable ».

Ms. Arundhati Jadhav a conscience d’être un exemple pour beaucoup. Pour ses proches – elle est la toute première ingénieure de sa famille –, pour les parents qui lui demandent conseil pour l’orientation de leurs enfants, et pour les filles qui veulent lui ressembler. C’est une ardente défenseure de l’éducation, en particulier en faveur des filles dans les zones rurales. Elle-même est allée à l’école dans une région rurale du Maharashtra et a fortement ressenti la différence entre l’éducation urbaine et rurale. Elle se souvient avoir retrouvé des camarades de classe il y a quelques années. Sur les 40 filles qui sont allées à l’école avec elle dans son village, seules deux ou trois ont un emploi aujourd’hui. « Cela m’attriste de savoir que des filles si intelligentes n’ont pas eu la chance de pouvoir décider de leur avenir. Elles n’ont pas eu la possibilité d’étudier et ont dû se marier jeunes, » explique-t-elle. Pendant ses vacances d’été, Ms. Jadhav a enseigné dans un district dépourvu d’infrastructures scolaires en tant que bénévole. Deux jeunes filles se sont approchées pour échanger avec elle, lui posant des questions sur ce qu’elles devaient faire pour devenir comme elle. Elle se souvient avoir lu l’envie d’apprendre dans leurs yeux.

Aujourd’hui, avec l’aide du Muktangan Exploratory Science Center, elle s’efforce de réduire ce fossé en termes d’éducation en mettant un éventail de ressources, de la formation et du tutorat à disposition des écoles dans les zones rurales. Elle est convaincue qu’il est primordial d’ouvrir de petits centres scientifiques dans les villages où, comparé aux zones urbaines, les possibilités de pratiquer des expériences, de participer à des activités extra-scolaires ou à des concours et de bénéficier de tutorat sont inexistantes. « Tout le monde a le droit à une éducation de qualité. En proposant ce type de cursus en STIM, on donne sa chance à tout le monde. Ça leur permettra d’élargir leur horizon, d’éveiller leur intérêt, de développer leur personnalité et d’améliorer leurs compétences en matière de communication, » dit-elle. « S’ils n’ont pas accès à l’éducation, ils n’ont aucun moyen de connaître les possibilités qui s’offrent à eux pour une vie meilleure ».

L’année dernière, Ms. Arundhati Jadhav a encadré une équipe de 6 jeunes filles qui a remporté la première phase du concours Seed the Future Entrepreneur soutenu par La Fondation Dassault Systèmes. Elles ont conçu et fabriqué en impression 3D un dispositif rechargeable de désinfectant pour les mains. Elles doivent désormais préparer sa mise sur le marché dans le cadre de la deuxième phase du concours. Ms. Jadhav a pu constater l’impact de ce programme sur l’équipe. « Il y a un tel changement. Les filles ont gagné en maturité et en confiance. Elles ont acquis une méthodologie solide de la résolution de problèmes. Elles sont désormais capables d’identifier tout type de problème, de l’analyser, de proposer différentes solutions et de sélectionner la plus adéquate en fonction de critères bien définis. C’est une expérience fondatrice pour les aider dans leur futur choix de carrière ».

Ms. Jadhav appelle les parents à ne pas faire de différence entre leurs filles et leurs fils. « Si votre fille s’intéresse aux sciences et à la technologie, aidez-la à faire de bonnes études. Elle travaillera dur, apportera une contribution positive à la société et ne vous décevra pas. Permettez-lui d’être elle-même et de devenir indépendante. Laissez-la développer sa propre identité ». Quand Ms. Jadhav a fait part de son intérêt pour les sciences et la technologie à ses parents et leur a dit qu’elle souhaitait devenir ingénieure, ils l’ont soutenue.

Son deuxième message s’adresse à tous les enseignants. Elle les invite à inclure dans leur programme scolaire habituel des sujets liés aux possibilités de carrière pour les filles. « Si cela vient de vous, les filles vont commencer à y penser. Donnez-leur des exemples de femmes inspirantes dans votre communauté de manière à ce qu’elles puissent s’identifier et se dire, qu’elles aussi, elles peuvent y arriver ». Elle demande également aux professeurs d’encourager les jeunes filles à participer à des concours au niveau local voire même national pour qu’elles voient autre chose.

Ms. Arundhati Jadhav conclut avec ce message empli d’inspiration à l’intention des jeunes filles. « Chères jeunes filles, développez votre identité, travaillez dur, soyez éduquées, soyez passionnées, ayez confiance et soyez créatives. Rien n’est impossible. Décidez ce que voulez faire, mettez-y tout votre cœur et vous obtiendrez d’excellents résultats ».