Joyce Sidopoulos
Ingénieure électricienne, Université de Cornell, USA
Cofondatrice et vice-présidente Communauté et Programmes, MassRobotics, MA, États-Unis.
A contribué à la création du programme de bourses Jumpstart de MassRobotics, avec le soutien de La Fondation Dassault Systèmes.
ZOOM
Le programme de bourses Jumpstart a été lancé en 2021 pour permettre à des lycéennes de Boston issues de la diversité de s'informer sur les carrières dans le domaine de la robotique et de développer leurs réseaux professionnels grâce à des contacts directs avec des professionnels du secteur. Le programme permet aux jeunes filles d’être exposée aux nombreuses compétences techniques dans les différents domaines de l'industrie de la robotique, de la programmation à la conception et à la simulation, en passant par la fabrication, le prototypage et les tests. Avec le soutien de La Fondation Dassault Systèmes aux Etats-Unis, le programme comprend également du mentorat pour aider à développer une main-d'œuvre technique plus inclusive en préparant divers talents dans le secondaire à poursuivre des carrières dans les STIM et la robotique.
De l’ingénierie électrique à la robotique
Après avoir obtenu son diplôme d'ingénieure électricienne à Cornell, Joyce Sidopoulos a débuté sa carrière en tant que civile pour la marine américaine. Elle a passé une douzaine d'années à étudier l'acoustique et à tester les sonars actifs, aidant à construire un modèle de prédiction des performances pour les techniciens sonar des navires de surface et des sous-marins. Son travail était passionnant car, notamment, c’est elle qui faisait les soudures, les câblages et les analyses. C'était très technique et cela lui a donné l'occasion de mettre en pratique les nombreuses compétences qu'elle avait acquises pendant son cursus.
Après avoir fondé une famille, Joyce s’est rendu compte que l'interaction avec les techniciens et les hommes d'affaires lui manquait. Elle a alors travaillé pour divers entrepreneurs du secteur de la défense et pour l'armée de l'air pendant une dizaine d'années. Elle a ensuite décidé de faire une pause pour réfléchir, comme elle le dit, "à ce que je voulais vraiment faire quand je serai grande". C'est alors qu'elle a rejoint le Mass Technology Leadership Council en tant que responsable du cluster robotique, ce qui l'a ensuite conduite à cofonder MassRobotics en 2015, une organisation indépendante à but non lucratif focalisée sur la croissance et l'adoption de la robotique à travers le monde.
Avoir une influence positive
Pour mener à bien sa mission, MassRobotics s’attache, entre autres, à inspirer et former la prochaine génération pour qu’elle se lance dans le domaine de la robotique et de la technologie. Alors que les États-Unis traversaient une crise d'inégalité, Joyce et l'équipe cherchaient à avoir une action positive. L'idée est venue d'un fondateur de GreenSight, l'une des start-ups avec lesquelles ils travaillent. Il cherchait un moyen d'impliquer davantage de lycéen.nes qualifié.es qu'il pourrait embaucher. C'est alors que l’équipe de MassRobotics a décidé de créer le Jumpstart Fellowship Program, un programme réservé aux jeunes filles. Le fait de n’avoir que des filles dans le groupe, leur permet de vraiment toucher à tout ce qui est mécanique et de se dépasser, sans se mettre en retrait et compter sur les garçons pour le faire. "Je me souviens que lorsque j’étais étudiante à Cornell et que nous étions au laboratoire pour fabriquer quelque chose, automatiquement, c’était les garçons qui s'en occupaient tandis que de mon côté, je me chargeais systématiquement de la prise de notes. C'est la manière dont les rôles se répartissaient spontanément même si j'étais ingénieure exactement comme eux."
La mission de Jumpstart, un programme soutenu par La Fondation Dassault Systèmes, est, entre autres, de responsabiliser les jeunes filles et de les aider à prendre confiance dans les outils et la technologie afin qu'elles puissent postuler dans des écoles d'ingénieurs si elles le souhaitent. L'une des jeunes filles de la première promotion de Jumpstart étudie actuellement le génie mécanique à l'UMass. Une autre est au MIT et quelques-unes sont en train de postuler. "C'est réjouissant de voir que nous avons eu un impact positif et gratifiant de voir les filles gagner en confiance en elles tout au long des sessions et être prêtes quand elles partent en stage. C'est une source d'inspiration pour moi de les voir inspirées."
Trouver sa voie
Joyce est reconnaissante d'avoir eu des parents qui l'ont soutenue pendant son enfance. Elle a toujours été bonne en mathématiques ; elle aimait les chiffres, la physique et la biologie. Lorsqu'elle est arrivée à la fin du lycée, ses parents lui ont proposé de passer un test pour l'aider à choisir sa voie. La première réponse qui est sortie était astronaute - elle a toujours voulu être astronaute et... c’est encore son rêve - ses parents lui ont alors demandé quel était le deuxième résultat. C'était ingénieur, alors ils ont dit oui et l'ont soutenue tout au long de ses études.
Le fait que le père de Joyce soit ingénieur électricien a certainement joué un rôle. Il avait un atelier au sous-sol ; il était toujours en train de bricoler et Joyce l'aidait à réparer les choses à la maison. Sa mère lui a également servi de modèle. Elle était institutrice et a repris ses études à la trentaine pour devenir infirmière. Joyce l'a vue étudier assidûment et faire régulièrement du bénévolat, offrant ainsi un exemple inspirant à ses enfants.
Elle apprécie également le fait d’avoir pu compter sur des soutiens tout au long de sa carrière. Lorsqu'elle travaillait dans la marine, par exemple, les femmes ne pouvaient pas monter à bord des navires, mais son commandant a toujours fait en sorte qu'elle puisse y aller avec les hommes.
Inspirer et responsabiliser
Elle estime qu’il est très important que les parents, les enseignants et les mentors encouragent les jeunes – les jeunes filles en particulier – à essayer de nouvelles choses et leur disent que ce n'est pas grave si ça ne marche pas. Les gens ont tendance à considérer l'échec comme quelque chose de négatif alors qu'en fait, cela fait partie du processus d'apprentissage. "Chaque fois que vous pensez avoir échoué, vous devez réfléchir à ce que cela vous a permis d’apprendre et à ce que vous pourriez faire mieux ou différemment la prochaine fois."
Joyce met en avant l’importance de la pluralité des idées et l'esprit d'équipe. C’est d’ailleurs une autre raison pour laquelle Joyce encourage les filles à se lancer dans l'ingénierie. "À l'université, il n'y avait pas beaucoup de jeunes femmes dans ma classe, peut-être quatre ou cinq seulement dans une promotion de 200, mais je n'ai jamais vraiment raisonné en termes d’homme ou de femme. Nous étions juste un groupe de jeunes gens qui essayions de faire de l'ingénierie. Un groupe de personnes sympathiques toutes très intelligentes. Nous travaillions sur des projets ensemble et chacun apportait sa contribution."
Pour finir, elle souligne l'importance du réseau et du mentorat. "Très souvent, les jeunes filles ne savent pas à qui s'adresser pour se faire aider. Il n'y a pas beaucoup de techniciennes à qui elles peuvent demander conseil et elles doivent trouver celles qui sont prêtes à leur consacrer du temps. Nous essayons de leur dire que le travail en réseau est essentiel. Nous aimerions vraiment que les filles de Jumpstart reviennent et deviennent des mentors, afin d'inspirer les filles des promotions qui vont suivre".